Summit : le surpuissant et nouveau calculateur américain

Gordon Moore, l'un des cofondateurs d'Intel, a déclaré en 1965 que «la complexité des semi-conducteurs proposés en entrée de gamme » doublait tous les ans à coût constant, jetant les bases de ce qui est devenue la première Loi de Moore. En 1975, Gordon Moore récidive en affirmant cette fois que le nombre de transistors présents sur une puce doublait tous les deux ans à coûts constants : une nouvelle déclaration qui s'est révélait vraie pendant près de 30 ans. Mais si vos ordinateurs, smartphones et autres appareils électroniques sont de plus en plus puissants, ils demeureront toujours infiniment moins performants que la nouvelle génération de supercalculateurs dont Summit est le chef de file.

 Des ordinateurs toujours plus puissants

En juin 2018, le laboratoire américain d’Oak Ridge (ORNL) a présenté au public Summit, un supercalculateur dont la puissance est difficile à imaginer. Sa puissance de 200 pétaflops s'appuie sur 4608 serveurs IBM, chacun dotés de deux processeurs Power9 dotés de 22 cœurs ainsi que de six processeurs graphiques Nvidia TensorCore Volta, comptant parmi les modèles les plus véloces disponibles sur le marché. Situé dans un laboratoire ultra sécurisé du Tennessee, Summit occupe une superficie équivalente à deux terrains de tennis. Un tel monstre dégage une forte chaleur et a besoin de 15 000 litres d'eau par heure pour être refroidi, soit l'équivalent de 4 à 6 piscines olympiques.

Vous avez besoin d'une comparaison pour mieux appréhender la puissance phénoménale de ce supercalculateur ? Si un être humain pouvait réaliser un calcul par seconde, sans manger, sans dormir ou s'octroyer la moindre pause, il lui faudrait 6,3 milliards d'années pour produire le travail que Summit réalisera pour sa part en une minute. Vous souhaitez vous offrir cette puissance de calcul ? Vous devrez connecter entre eux environ 2 millions d'ordinateurs portables standards.

Mais au-delà de sa puissance de calcul, Summit est aussi un ordinateur intelligent, capable de répondre à une trentaine d'applications différentes et s'appuyant sur une IA de dernière génération.

 À quoi peut servir un tel supercalculateur ?

Mais une telle course à la puissance a-t-elle un sens ? Sans hésitation, la réponse est oui !

Au-delà de la guerre des chiffres, les supercalculateurs ont des applications bien concrètes. Certains sont dévolus à la prédiction météorologique dont les conséquences financières sont essentielles : anticiper des inondations ou des périodes de sécheresse peut aider à préserver les récoles, limiter des dégâts aux biens ou aux personnes, économiser des milliards d'euros tout en limitant le risque de victimes. D'autres servent à analyser les signes annonciateurs de séismes pour développer des systèmes d'alerte qui sauveront de nombreuses vies. Certains servent aussi à simuler des expériences difficilement réalisables en laboratoire : par exemple, des superordinateurs ont permis à la France de cesser les essais nucléaires avec d'évidentes conséquences positives sur l'environnement.

Summit devrait plutôt être utilisé pour faire progresser les recherches scientifiques dans de nombreux domaines. S'il est destiné à faire avancer les recherches dans le domaine de l'astrophysique, il va aussi s'avérer très utile pour développer de nouveaux matériaux ou aider à analyser des données médicales pour mieux comprendre et prévenir le développement de certaines maladies ou de certains cancers.